Désir de son ! (l’émission des 10 ans à la Scam)

L’aventure de Syntone a commencé discrètement par un blog il y a 10 ans. C’est aujourd’hui un magazine en ligne et une revue papier – la revue de l’Écoute – qui est lue au Canada, en Slovénie, à Taiwan, mais aussi dans des bibliothèques et des lycées. Syntone s’intéresse à cette drôle de chose qu’est la création radiophonique et les autres formes d’expression originale sonore – pour résumer : aux aspects sociaux et créatifs du son. Pour célébrer notre première décennie, nous avons imaginé 10 rendez-vous toute cette année 2018, des rendez-vous qui nous ont déjà fait voyager à Perpignan, Caen, Auch, Ganges, Marseille, Paris, Arles, Blois… et ce soir du 6 novembre 2018, de nouveau Paris, à la Scam, pour souffler une neuvième bougie, avant la dixième le 1er décembre à Bruxelles.

Pour cette soirée placée sous le signe d’un « désir de son », nous avons d’abord eu envie de revenir sur quelques sujets importants, quelques dossiers auxquels nous avons donné une nouvelle vie – non pas par simple militantisme du recyclage, mais parce que ces sujets résonnent autrement aujourd’hui. Nous avons également voulu rendre vivante la curiosité à partager nos écoutes qui nous anime au quotidien, par une expérimentation de Syntone en live, à travers différentes formes : cut-up de citations su le son, mini-conférence, chroniques et entretiens en direct. Nous entendrons donc des coups de cœur de la rédaction de Syntone, ainsi que deux avant-premières de créateurs et de créatrices qu’on affectionne. Et puis c’est l’occasion de tendre nos micros à d’autres collectifs, de parler des problématiques actuelles qui préfigurent la radio de demain, celle que nous désirons malgré une actualité préoccupante. Cette soirée de variétés sonores a été enregistrée par Radio Campus Paris, en voici l’archive après un léger remontage. En route pour deux heures de traversée à bord du navire Syntone !


(télécharger l’émission)

  • 0’00 : intro
  • 3’35 : Pascal Mouneyres, une affaire de mots (1)
  • 7’59 : Juliette Volcler, les sons inouïs
  • 18’49 : avant-première Tiny Tunes from the Wilder World – la métamorphose de la Cigale, par Floriane Pochon / Phaune Radio
  • 26’38 : hommage aux contributrices et contributeurs de Syntone !
  • 30’20 : séquence entretien : « la création radiophonique en péril à France Culture »
  • 44’44 : Pascal Mouneyres, une affaire de mots (2)
  • 47’28 : Déborah Gros, chronique du Cercle sauvage d’Anne Sibran et Laure Egoroff
  • 1h00’39 : Alexandra Baraille, chronique de Zeit-ton-passagen de Maia Urstad
  • 1h10’15 : Clément Baudet, chronique de Total Désir de Marc-Antoine Granier et Lionel Quantin
  • 1h20’15 : Étienne Noiseau, et toi, t’écoutes quoi ? ou plutôt… combien t’écoutes ?
  • 1h23’17 : Pascal Mouneyres, une affaire de mots (3)
  • 1h27’54 : avant-(avant-)première Tous les buts du monde ou Radio World Cup (titre provisoire) de Félix Blume et Sara Lana
  • 1h34’37 : séquence entretien avec l’émission de migrant·es Stalingrad Connection, présentée par Pierre Isnard-Dupuy
  • 1h47’28 : séquence entretien autour du projet d’une radio associative sur la Radio Numérique Terrestre nationale
  • 1h56’25 : conclusion

En bonus, la FAQ :

Nous avions demandé aux internautes de nous envoyer des questions, mais par manque de temps nous n’avions pu y répondre le soir même. Qu’à cela ne tienne, nous y répondons ci-dessous :

« Comment Syntone, peut-il être, au-delà de la traduction, un outil de découverte, de rencontre et d’écoute de créations en différentes langues ? » (Anaïs)

– Déborah : Une des lignes de conduite de Syntone est son ouverture sur les productions extérieures à la France (panorama de la création au Japon, en Espagne, rencontre avec des auteurs et autrices d’Équateur, d’Allemagne, etc.) Le fait d’avoir au sein de notre équipe des rédacteurs et rédactrices qui vivent ou voyagent dans différents pays tout en partageant leurs écoutes est précieux. Il est vraiment important de décentrer, d’observer sans cesse les pratiques radiophoniques et le lien au sonore dans les pays voisins et plus lointains. C’est inspirant pour tous ceux et toutes celles, dans le monde du documentaire et de la création radio, qui sont amené·e·s à se réinventer constamment.

– Alexandra : Syntone est un outil de découverte en soi de par la liberté que nous avons à aborder les sujets que nous voulons. Une fois l’oreille dans l’engrenage du multilingue, il est assez tentant de vouloir faire découvrir à l’autre (lecteur, lectrice) les tendances se dessinant dans une région. Par exemple les Allemand·es sont friand·es de fiction enfantine et de série noire sur la radio publique, le podcast outre-Rhin confirme quant à lui depuis un certain temps l’intérêt pour la science-fiction. Indépendamment des tendances, il y a des influences parfois surprenantes : à Taiwan, j’irais chercher l’art sonore du côté des artistes multimedia, en Europe centrale je me dirigerais plutôt vers la scène électro. La pratique de l’écoute varie aussi en fonction des régions : écoutes publiques payantes, festivals gratuit, soirées privées (très difficiles à recenser !), écoute avec ou sans casque, une multitude de possibilités sont à découvrir, tenter et reproduire, et tranche avec la classique écoute solitaire à la maison. Enfin, la confrontation à la traduction est elle-même vaste et riche en expériences : que penser – a priori – d’une adaptation de Pour en finir avec le jugement de dieu sans la voix et le souffle d’Antonin Artaud… ?

« Par rapport aux débuts de Syntone, j’ai l’impression qu’avec le développement du podcast, beaucoup plus de personnes s’expriment par le son, et je me demandais dans ce nouveau paysage comment Syntone fait-elle pour aller chercher, débusquer tout ce qui se fait d’innovant, comment aider les internautes à se retrouver dans tout ce qui se produit ? » (Christophe)

– Juliette : Je dirais que le travail de veille est sans doute celui qui prend le plus de temps. Repérer non seulement les nouveaux modes de diffusion (diverses plateformes d’hébergement sonore, création de webradios voire, plus rarement, de radios hertziennes), mais aussi les nouveaux modes de communication sur ce qui est produit. À partir de là, on se constitue une base de sites ou de radios à suivre, en utilisant un agrégateur de flux RSS ou, s’il n’y en a pas, en suivant certains comptes de réseaux sociaux.

Mais ça ne suffit pas. Comme le champ de la production audio en France est encore très fragmenté, il s’agit aussi d’aller repérer, dans chaque grande catégorie de sources (radios publiques, radios associatives, podcast, sagasphère, audionaturalisme, musiques expérimentales, spectacle vivant…) les publications (web, sonores ou papier, collectives ou individuelles) qui assurent une veille sur ce milieu spécifique. Et, à partir de là, on va explorer les recommandations, mais aussi saisir les logiques propres à chaque milieu pour ne pas se contenter, justement, de ce qui est recommandé et pour aller chercher dans les bas côtés, dans le hors-champ.

Quelques outils de mutualisation émergent, qui collectent des sources disparates, les référencent et les catégorisent (on en parle ici ou ), mais ils se focalisent chacun sur tel ou tel milieu. Syntone tente, à sa très petite échelle, de jouer un rôle de passerelle entre les différents milieux, et insiste sur l’importance de l’histoire de la création sonore, pas seulement de son actualité. Il faudrait encore un autre type d’outil, bien différent du « Netflix du podcast » que divers acteurs commerciaux et concurrentiels visent à créer : un outil qui syndiquerait des productions de tous les milieux et de toutes les époques de l’audio, de façon ouverte, libre et gratuite.

« Pourrait-on rêver d’une web radio Syntone ? Histoire d’étonner le monde de l’écoute par vos recherches/analyses/pratiques/critiques de la radio française et internationale et intergalactique, au passé au présent au futur, hors du temps aussi. Il serait beau que la radio s’offre la radio, une mise en abyme qui vienne pulser la matière et ressusciter la radio par la pensée critique et créatrice. » (Lætitia)

– Étienne : C’est vrai que faire Syntone en version audio ou radio nous titille régulièrement ! C’est pourquoi nous aimons bien de temps en temps nous faire inviter par une radio, comme ce fut le cas sur Campus Paris le 6 novembre dernier ou auparavant sur cette même antenne et d’autres comme Radio Grenouille, ou même via nos propres podcasts. Ce que j’ai préféré dans notre émission Désir de son !, ce sont les trois chroniques en live qui m’ont vraiment donné envie d’organiser cela plus souvent. Faire notre propre radio, je crois que ce serait vraiment trop de boulot, mais nous adorerions qu’on nous accorde un créneau régulier sur une antenne… si cela ne se fait pas au détriment du projet principal de Syntone qui est d’être un média écrit, bien sûr.

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