Radios associatives : péril en la demeure

Cet automne 2017 est bien morose pour le secteur associatif en France, et les « radios privées non commerciales » ne font pas exception. Certaines déjà tiraient la langue : ces derniers mois, à mesure que des collectivités locales se désengageaient de leur financement, on a vu défiler les appels au secours1. Avec la suspension des contrats aidés par le gouvernement cet été2, et la dotation probablement très insuffisante du Fonds de Soutien à l’Expression Radiophonique (FSER) en 20183, des radios risquent de mettre la clé sous la porte4. Une situation gravissime qui fragilise plus d’un millier de personnes déjà précaires, accentue l’atomisation de la société et atteint à la liberté d’expression.

Faisons d’abord un détour par l’écoute. Début septembre, Arte Radio mettait en ligne Je quitte ma radio, de Grégoire Souchay, la « lettre de rupture » d’un ancien journaliste à sa radio, Radio Saint-Affrique dans l’Aveyron. Raconté à la première personne du singulier, ce documentaire s’inscrit dans la veine du storytelling (version « moi-je ») particulièrement encouragée par la webradio d’Arte : quel que soit le sujet, plus ou moins intime – de la contraception masculine à l’adoption dans un couple homosexuel en passant par la pratique de la radio associative –, l’auteur ou l’autrice ne se contente pas d’observer une réalité mais en est le personnage principal. Il ou elle scénarise le sujet à travers le prisme de son vécu personnel, ses questionnements psychologiques, ses émotions. L’intérêt ? Accrocher l’auditeur et l’auditrice enclines à s’identifier à quelqu’un qui leur ressemble, en leur proposant une histoire bien balancée, incroyable mais vraie. Une sorte d’individualisation du point de vue, tirée à l’extrême. Ce type d’écriture légitime également un auteur ou une autrice, impliquée dans une problématique, à en parler sans la distance critique qu’aurait un·e journaliste. Dans Je quitte ma radio, on est plutôt dans le deuxième cas. Le véritable sujet de ce documentaire qui tarde à apparaître est la réalité peu glorieuse de beaucoup de radios associatives : celles qui ont choisi l’emploi salarié passent le plus clair de leur temps à courir après subventions et partenariats, et tout ça finit par leur coûter leur âme. Une perte de sens qui a poussé Grégoire, écœuré, à rompre avec sa radio.

Passons sur la métaphore amoureuse qui tend à lasser à l’écoute de Je quitte ma radio, une autre image employée par Grégoire Souchay est plus intéressante : dans sa station, la sub’ est devenue une « came ». Et le deal est sournois. En échange de la dose, les financeurs exigent de plus en plus d’actions auprès des « publics », plus de « synergies » avec les « acteurs du territoires », ainsi que d’en fournir les preuves. Alors, les radios font la chasse aux partenariats, produisent du « projet » là où ça paye (exemples de contenus cités dans le documentaire : « Le racisme, c’est pas du jeu », « 1914-1918, cent ans déjà »…) et finissent par devenir les passe-plats des institutions.

La volonté d’indépendance et l’esprit critique des radios libres se heurtent à plusieurs murs : la part de « subvention sélective » du FSER, qui influe sur la ligne éditoriale parce qu’elle attribue des points en fonction de catégories d’actions (« actions culturelles et éducatives », « actions en faveur de l’intégration et de la lutte contre les discriminations », « actions en faveur de l’environnement et du développement local »…) ; l’orientation des salarié·es sur la recherche de financement au détriment du projet radiophonique et associatif, d’où le sentiment de perte de sens ; la dépendance aux collectivités locales et donc aux élu·es, qui entraîne autocensure ou manque de critique à leur égard.

Mais fragilisé de toute part, ce modèle économique bancal que tout le monde subit bon an, mal an, est en train de vaciller. De quoi mettre au pied du mur les actrices et les acteurs de ces radios libres qui ne prennent pas toujours la liberté de réfléchir à leurs contradictions.

  • Faut-il se mettre à diffuser de la pub ou plus de pub ? La baisse des subventions depuis des années s’accompagne d’une incitation de l’État et des collectivités à basculer sur un modèle économique incluant des « recettes propres », sachant que les diffusions publicitaires transforment l’antenne du tout au tout.
  • Les radios vont-elles devoir fonctionner uniquement avec des bénévoles ? Cette option a toujours fait partie des débats des radios libres ; certaines stations minoritaires, comme Radio Canut à Lyon, ont fait le choix de ne jamais salarier personne et semblent ne pas s’en porter plus mal.
  • Imagine-t-on un retour à l’émission pirate par nécessité, comme on en voit fleurir sur des zones de luttes (à Notre-Dame-des-Landes avec Radio Klaxon par exemple) ? Malheureusement, en écho à ce que dénonce une pétition initiée par Fréquence Paris Plurielle (« le gouvernement affirme de facto sa volonté de faire taire le principal secteur non commercial des médias hexagonaux »), la pression sur les espaces de contestation sociale s’intensifie chaque jour et plus ouvertement maintenant sur les radios. Une clandestinité subie serait très inquiétante pour l’état de la liberté d’expression en France.

Revenons à Je quitte ma radio. Dix jours après la mise en ligne du documentaire de Grégoire Souchay sur Arte Radio, Radio Saint-Affrique, malmenée mais belle joueuse, a invité son ancien salarié à expliquer sa démarche à l’antenne. L’animateur de l’émission interroge l’auteur sur une impression qui subsiste après l’écoute : considère-t-il cette façon de faire de la radio associative comme morte et (quasi) enterrée ? Même si Grégoire s’en défend, son documentaire expose la défaite du collectif et consacre la victoire de l’individu, ici l’auteur, qui réussit à jouir sur Arte Radio d’une liberté perdue à Saint-Aff’. Mais fait plutôt navrant, la webradio d’Arte s’autorise une autopromo quelque peu arrogante à la toute fin de Je quitte ma radio, lorsque Grégoire la présente comme sa nouvelle petite amie radiophonique dans un ultime trait d’humour pince-sans-rire. Qu’y a-t-il à comprendre ? Le podcast mieux que la radio libre ? L’Auteur élu contre les dinosaures d’un média mourant ? Le point de départ de ce documentaire, le responsable éditorial d’Arte Radio, Silvain Gire, l’a relaté en public au dernier festival Longueur d’ondes à Brest. Le mensuel CQFD y était et l’épinglait dans son numéro de mai5 : « Tout à l’heure un jeune homme est venu me voir, il me propose un sujet : “J’arrête la radio !”. C’est génial ! Il en a marre de travailler dans une petite radio associative dans je ne sais pas quel coin paumé et dont tout le monde se fout ! ». Ouch ! Oublierait-il que beaucoup de ses autrices et auteurs – dont certain·es gagnent des prix – ont été défriché·es et formé·es par ces radios ?6 Et qu’Arte Radio bénéficie d’un large relais de diffusion de ses propres productions sur nombre de ces antennes locales ?

La gravité de la situation exige plutôt d’être solidaires. Les radios associatives sont des lieux irremplaçables de socialisation et d’émancipation par la parole, par la rencontre, par le débat. Elles permettent de rompre l’isolement, d’échanger des services, de transmettre des savoirs et des cultures. À différents niveaux – en monétisant leurs services, en salariant des personnes –, beaucoup d’entre elles créent de l’économie. Ce sont des espaces d’expression et parfois de création, à propager, à réinventer peut-être, mais aujourd’hui à défendre.

À écouter :

Notes :

1 Quelques-unes des radios ayant fait un appel aux dons exceptionnel ou un crowdfunding de secours ces derniers temps : Radio Larzac, Radio Saint-Affrique, Radio Grenouille, Fréquence Paris Plurielle, New’s FM, Radio Zinzine, Sol FM, Radio Clapas… À ce sujet, on peut lire De nombreuses radios associatives en manque d’argent appellent a l’aide sur technic2radio, mai 2017.
2 Lire le communiqué du Syndicat National des Radio Libres et celui de la Confédération Nationale des Radios Associatives sur la suspension des contrats aidés.
3 Le Fonds de Soutien à l’Expression Radiophonique (FSER) se divise en « subvention de fonctionnement » au barème fixe et « subvention sélective », variable selon des critères (voir plus loin dans notre article). Malgré une augmentation globale du FSER en 2017, les radios ne pouvant prétendre qu’à la subvention de fonctionnement ont déjà vu leur dotation baisser. À propos de l’année à venir, lire l’alerte de la CNRA : Projet de Loi de Finances 2018 : attention DANGER !!!
4 « Pour la première fois de notre histoire, la question d’une fermeture à court terme se pose » : le président de Fréquence Paris Plurielle, in La réduction des contrats aidés, une vraie menace pour les radios libres, Télérama, septembre 2017.
5 « Un “storytelling” à la Arte Radio », Mateo Matzo, CQFD n°154, page 22.
6 Qu’ils et elles se dénoncent ! ;-)
 
Merci à Pierre Isnard-Dupuy et Juliette Volcler pour leurs échanges et propositions sur cet article.

14 Réactions

  • Fañch dit :

    Hello,
    Ton article pose bien les éléments de la crispation à venir et l’un des enjeux fondamentaux de la démocratie : la parole libre et permanente. Pour autant, et tu l’évoques, les enjeux et les choix de cette parole diffusée font s’opposer deux « postures » (qui peuvent être complémentaires) :
    – le tout bénévolat et l’éducation populaire permanente à former et renouveler actrices et acteurs de la radio… libre,
    – le salariat des médiateurs qui sans mécénat, sponsoring, publicité et aides publiques ne peut fonctionner…
    Rappel : le gâteau publicitaire n’est pas extensible à l’infini.

    Pour ce qui concerne la « posture » du salariat c’est un choix de société. C’est soit la lutte sauvage et joyeuse des radios libres (années 70), soit la période faste des incitations à l’emploi des activités non-marchandes (années 80 et 90), soit celle « start up » glauque qu’on est en train d’ingérer… Un nouveau choix de société a été validé en mai pour… cinq ans, et je crois bien qu’il est en marche.

    Ton exemple avec Arte mériterait d’être plus développé. Tu évoques une situation qui ne concerne pas l’économie de la radio Arte, mais un documentaire « Arte radio » qui évoque l’économie d’une radio locale qui s’essouffle et fragilise les emplois salariés et un de ses acteurs en particulier. Le choix éditorial d’Arte radio ne peut ici être contesté. Son statut économique résulte d’un « privilège » et d’un choix stratégique de la part d’Arte (Groupement Economique d’Interêt Européen, franco-allemand).

    La télévision publique française n’aura pas besoin de copier Arte puisque les gourous Gallet (Radio France) et Ernotte (FTV) s’ingénient à tenter les rapprochements improbables entre radios publiques et télés publiques. Autres débats, autres mœurs ;-)

    • Étienne Noiseau dit :

      L’idée que la société fait un choix (de société) est un peu floue. Qu’il y ait un mouvement forcé est un fait. Cette situation pourrait avoir du bon, si dans la redistribution des cartes, on se posait vraiment la question de l’amélioration de la qualité radiophonique d’une part et de la qualité de vie d’autre part, mais je ne pense pas que le gouvernement s’engage dans ce type de réflexion. C’est peut-être au niveau des instances régionales que l’on pourra attendre une meilleure écoute.
      Le choix éditorial d’Arte Radio leur appartient, bien sûr, mais il y a l’art et la manière. Que faudrait-il encore développer ?

      • Fañch dit :

        Un peu floue l’idée d’un choix de société ? Tu plaisantes ? Mets un autre candidat que celui élu et tu peux imaginer que ses « orientations » politiques, économiques et culturelles ne seront pas les mêmes ! En 81, si Giscard avait été réélu il n’y aurait jamais eu la fin du monopole radio-TV et l’ouverture sur la bande FM aux radios libres ! Quant à une « prise en charge » régionale des radios associatives cela dépend d’une politique culturelle affirmée par un projet politique. Il y a des Régions qui se désengagent de la Culture comme Auvergne-Rhône Alpes et des Régions qui continuent à porter la Culture comme la Bretagne. Le débat est alors : « Subventionné et alors la liberté, possible ? »

      • Étienne Noiseau dit :

        Ce que je trouve flou quand tu dis que le salariat dans les radios assos a été un choix de société, c’est de penser cela globalmement comme un mouvement dirigé alors que cela a peut-être été plus spontané. Les radios libres d’avant 1981 étaient-elles nées pour durer ? C’est avec le temps et la légitimité que s’est sans doute posée la question de tenir l’antenne (comme on tient la barre) lorsque des bénévoles qui s’engagent souvent de façon temporaire ne suffisent plus. Mais c’est possible aussi que les syndicats et les fédérations aient poussé les radios à se structurer de cette façon. C’est une histoire que je ne connais pas.

  • Benoit dit :

    Plutôt une bonne idée de lier ce constat avec le documentaire storytelling réalisé sur Arte radio. Je rajouterai juste une chose qui est liée au fait que les radios associatives, pour trouver des fonds, soient obligées de faire de la communication institutionnelle pour les collectivités locales. En région Midi-Pyrénées, par exemple, « l’aide » à la production aux radios locales s’est faite à un moment par le biais de commandes de « reportages » de com’ pour des actions du Conseil Régional. Une façon d’externaliser une partie de la com’ audio de la collectivité. Sur cette pratique, il y a à la fois à questionner le comportement des Collectivités qui considèrent l’expression radiophonique comme un moyen publicitaire et certains syndicats de radios locales qui, bien contents d’avoir ces subventions, n’ont pas pris le temps ou la mesure d’oeuvrer pour que ces budgets soient vraiment consacrés à de réels fonds de soutiens à la création radiophonique (documentaire, fiction etc …).

    • Étienne Noiseau dit :

      En effet, les missions et la déontologie des radios méritent d’être réexpliquées aux collectivités qui ont parfois tendance à ne voir dans les radios qu’un moyen de communication, sous-entendu au service de leur communication. J’espère avoir l’occasion d’en parler dans une rencontre sectorielle régionale à venir. Je te contacterai pour en causer !

  • Grégoire Souchay dit :

    Bonjour Etienne et merci pour cet article passionnant. Je crois pas qu’on soit foncièrement en désaccord sur l’analyse et je partage les critiques faites à mon docu et plus largement à Arte Radio. Deux trois précisions quand même pour éviter quelques erreurs d’interprétations qui n’apportent pas grand chose au fond du sujet :

    – je suis journaliste à la base. Donc la posture « à distance » est quelque chose dont j’ai l’habitude. Ce projet c’était l’occasion d’expérimenter autre chose. Et oui : il y a une certaine fierté pour un producteur sonore issu d’une radio associative rurale à devenu auteur, à ce que le travail collectif devienne oeuvre individuelle et payée comme telle. Et oui, ça rentre en phase avec cette époque très individualistes, avec des discours très incarné, et la radio n’y échappe pas.

    – Sur la partie auto-promo dans la chute, j’ai peut être dépassé des attentes inconscientes d’Arte Radio mais c’est moi qui ai choisi ça. Peut être un petit côté fleur bleu un peu naïf mais c’était une chute qui me permettait sortait d’une attitude de rancoeur, de dureté. Sans psychologiser à outrance, il y avait clairement un aspect cathartique dans tout ça, d’où certaines maladresses d’écriture.

    – le « tout le monde s’en fout » > je vois combien la phrase de S. Gire à fait bondir. Perso, j’ai pas trop compris les attaques en parisianisme et consort. J’y vois simplement l’idée que l’individualité de telle ou telle radio, on s’en fiche, ce qui est important ce qu’elle dit de la société. Tout comme au fond l’individualité de ma relation avec ma radio, on s’en fout, mais ça soulève des questions qui vous intéresse vous aussi.

    – si le sujet résonne bien avec l’actualité dramatique de cet automne, ce n’était pas « prévu » comme tel, je savais dès le départ que ça ne sortirait qu’au mois de septembre, Macron n’était alors pas encore élu, même si on sentait bien que ça couvait et que ce système subventionné allait pas tarder à craquer.

    – le docu a été réalisé en mars dernier, soit juste après mon départ de Radio Saint Affrique et volontairement il a une tonalité de lettre de rupture, parfois un peu vache et pas toujours juste et sereine dans l’analyse. Ca correspond à un instantané dans un processus de rupture, ça n’a pas la prétention à tout exprimer, surtout pour un premier projet de ce type.

    – enfin, faut pas oublier que des « radios libres » ce n’est pas un monde idyllique de liberté et de créativité. Radio St Aff est à ce titre une des plus intéressantes à laquelle j’ai eu affaire. Mais il y a aussi des radios très institutionnalisées, tristes et mornes, d’autres où les burn-out et les harcèlements moraux s’enchaînent, et plus largement avec une auto-exploitation assez dramatiques comme dans l’ensemble du milieu associatif, sans parler des réseaux de radios « libres » qui contrôlent des territoires entiers et font la guerre à tout projet sonore alternatif.

    Du coup, peut être une piste serait d’essayer de penser ces radios non plus comme une structure parfois lourde et figée où le collectif est assez rarement rassemblé sinon sur la grille (les bénévoles qui passent et ne se connaissent pas, les salariés qui ne font jamais de micro, …) mais d’espace dans des structures techniques. Certains créneaux, certaines émissions sur certaines radios. Et qui font ces émissions si précieuses et qu’il faut sauver et défendre à tout prix ? Une ou plusieurs personnes. De là à en faire des auteurs/trices … Le débat est ouvert :)

  • Étienne Noiseau dit :

    Merci beaucoup, Grégoire, pour votre commentaire en réponse à cet article. Vous apportez un éclairage intéressant. Vous vous doutez que nos analyses sont des interprétations, pas des procès d’intention. Toute la question maintenant est de savoir comment profiter, si ce n’est pas indécent et contre-productif, de cette situation grave pour redéfinir la place que l’on veut donner à notre liberté d’expression radiophonique.

    • Grégoire Souchay dit :

      Tout à fait. Et c’est bien parce que vous n’étiez pas malveillants que je me suis permis de vous donner ces éléments.

      Cela vaudrait clairement le coup d’organiser des débats sur le thème, en croisant les mondes, podcasts, créateurs/trices, salariés/bénévoles radios libres, syndicats (de radios / de salariés), collectifs émergents, de lutte ? Comme on dit, « vive la crise » :)
      Peut être aux prochaines rencontres radiophoniques / assises / congrès ?

      • Étienne Noiseau dit :

        Je participerai à une rencontre sectorielle de l’ARRA le 6 décembre prochain du côté de Narbonne probablement. Si vous aviez l’intention d’y aller, ce serait bien qu’on se parle en amont.

  • Fañch dit :

    Etienne, tu écris « Ce que je trouve flou quand tu dis que le salariat dans les radios assos a été un choix de société,  » mais ce n’est pas du tout ce que je dis ! En mai 2017, les citoyen-ne-s ont fait un choix de société par leur bulletin de vote et de fait engagé des politiques culturelles qui, entre autres, avec la suppression des emplois aidés, vont modifier la pérénnité des radios associatives !

    • Étienne Noiseau dit :

      Je répondais à « Pour ce qui concerne la « posture » du salariat c’est un choix de société » plutôt qu’à « Un nouveau choix de société a été validé en mai pour… cinq ans, et je crois bien qu’il est en marche », mais je suis d’accord avec toi.

  • Syntone dit :

    Pour prolonger la réflexion, nous vous proposons d’écouter le plateau radiophonique Que faisons-nous de notre liberté d’émettre ? Le 17 juillet 2016 à Arles, nous tentions de répondre à cette question sous la forme d’une émission participative, en compagnie de radio-libristes et de producteurs et productrices indépendant·e·s.

  • alexandra dit :

    Bonjour,

    bien des choses ont été écrites dans l’article et les commentaires, je me contenterai d’apporter un témoignage d’expatriée mais avant tout d’ancienne salariée de radio associative.

    C’est l’engagement qui m’a fait monter un de ces « reportages » commandés par la région Midi-Pyrénées.
    À mon retour des rencontres cinématographiques de Gindou, où j’avais travaillé bénévolement pour le « journal sonore » du festival et réalisé dans mon temps libre, des ITW pour l’EPRA ou simplement pour le plaisir de les diffuser plus tard à l’antenne, sans contrepartie. J’avais les rushes, j’ai eu peu de travail d’écriture et de montage suplémentaire et cela à permis à ma radio de gagner de l’argent. Je n’y voyais aucun mal d’autant plus que le festival en question était un partenaire de coeur et de qualité de longue date pas une « tartine de caca » pour citer l’intervenante de RSA.
    Je ne me souviens pas m’être posé la question de la déontologie, juste la nécessité de trouver de l’argent en douceur pour financer autre chose.

    Enfin, s’il serait risqué de comparer les pays, (à l’étranger j’ai appris à travailler avec des appels à projets et quand les visées sont idiotes ou inatteignables et bien, elles se laissent contourner…) je préfère relayer la question de l’organisation du travail. C’est une donnée essentielle à la survie psychique, politique et financière d’une radio, qu’on y soit bénévole ou salarié.
    Radio RaBe à Berne (Suisse) compte 3 journalistes salariés. De mémoire, ceux-ci établissent un planning des tâches, se les répartissent en fonction de leurs envies à condition que les trois mettent la main à la pâte à un moment donné. Pas de longues embardées à l’antenne par les salariés, le micro est tenu par l’un pendant que les autres sont en reportage. Ou remplissent un dossier de demande de subvention ; ou encore envoie une création à un concours avant de traiter le courrier. Cette agilité dans l’organisation permet aux salariés d’être libérés des préoccupations financières pendant qu’ils souhaitent être créatifs et à l’inverse de pouvoir suivre un dossier de financement qui leur tient à coeur, le temps qu’il faut et peut-être, de mieux le défendre qu’une personne blasée par ce travail routinier. Confiance et autonomie doivent être au rendez-vous.

    « Que faisons nous de notre liberté d’émettre ? »
    Question fondamentale, je n’ai pas encore écouté le plateau conseillé.

    Un simple tremplin à carrière ?
    Un recyclage de chômeurs longue durée ?
    L’occasion de développer des compétences ménagères et psychociales (Docteur ès Bibi) ?
    Défricher ? Expérimenter ?

    Merci beaucoup pour cet article traitant en outre du documentaire de G. Souchay et merci pour tous les échanges qu’ils suscitèrent.

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