Maudit âge de l’internet où l’on regarde avant d’écouter !1 Alerté par un tweet ou par la newsletter de France Culture, j’avais mis de côté cette émission pour son titre, pour son texte de présentation, sans doute pour ses illustrations aussi, puis je l’ai écoutée et, là, je n’ai pas vu le rapport.
Cette émission, c’est Homme Animal’ Sol, un Atelier de Création Radiophonique d’Anne de Sterk, réalisée par Lionel Quantin, prise de son et mixage d’Alain Joubert, diffusée le 3 avril dernier dans le cadre des commandes publiques à des artistes octroyées par le Centre National des Arts Plastiques et France Culture ; et si vous voulez vraiment « voir » de quoi je parle, la présentation de cette émission (fournie par l’artiste) se découvre à cette page.
Personnellement, ce que j’ai entendu se situait très loin de ce que j’attendais de la relation animaux-humains telle que promue en pitch (« 56 minutes de jeux de langue burlesques caressant la relation Hommes / bêtes »). Sans insister plus lourdement sur d’autres éléments de communication, le résultat audible correspond peu à l’emballage proposé. Ce texte de présentation, finalement, nous parle du contexte de la création (la résidence de l’artiste dans cette vallée d’Ardèche surpeuplée de sangliers mutants), mais pas de la création. Petit malentendu, que l’équipe de l’Atelier de la Création installe malgré elle, en laissant l’artiste parler seule sur cette page.
Car, quand même, nous sommes à la radio
écrit l’artiste qui, peut-être, n’aurait pas tout le temps eu à l’esprit qu’elle construisait une création radiophonique ? Est-il exagéré d’interpréter cette distorsion entre discours et audition comme un effacement de la chaîne quant à ses engagements artistiques ? « Tiens, tu fais une résidence en Ardèche en ce moment, et si t’en faisais aussi une émission pour France Cu ? » : c’est ainsi que je devine la teneur de cette commande publique.
Même pour une chaîne comme France Culture, il est difficile de tenir une ambition de création lorsque les temps et les moyens de production se réduisent. Nous rêvons que la chaîne assume pleinement sa charge de commanditaire et de « lieu » de résidence à part entière. C’est-à-dire qu’au-delà d’investir tel ou tel terrain – que celui-ci soit une forêt d’Ardèche, un appartement parisien ou un studio d’enregistrement – l’artiste choisi·e soit pleinement invité·e à résider « l’espace radiophonique ».
1 À propos de la manière dont l’écrit via les réseaux empiète sur notre capacité d’écoute, lire sur Syntone Ces heures sourdes de Pascal Mouneyres (mai 2013).