Actualité & critique de l'art radiophonique
En 1979, Les Nuits magnétiques de France Culture partaient en incursion dans l’univers carcéral français. « Scènes de la vie carcérale » : une série documentaire libre et frondeuse, composée de témoignages surprenants qui tissaient un état des lieux des mentalités de l’époque. Nous en radiographions le premier épisode.
Dans « Providence », un homme vit dans une bulle de son. L’auteur Olivier Cadiot et le metteur en scène Ludovic Lagarde tirent les ficelles et déclenchent les bandes magnétiques, relayés par L’Atelier fiction de France Culture.
En 1985, René Farabet part en immersion dans le quartier des Marolles à Bruxelles, où survivent les déshérité·e·s de la ville. Les bons samaritains est un documentaire déstabilisant, criblé d’éclats de vies brisées et d’échos d’un monde menacé d’extinction.
En 1980, Yann Paranthoën s’immerge dans un village breton menacé d’extinction sonore. Avec « Questionnaire pour Lesconil », il livre un plaidoyer pour l’écoute et un de ses chefs-d’œuvre, reçu cinq sur cinq par le Prix Italia la même année. Retour sur un classique.
Chant d’amour filial pour une mère qui s’absente, journal intime d’un drame en cours, « Les mots de ma mère » d’Aurélia Balboni s’est imposé comme un des documentaires les plus marquants de ces dernières années. En voici une lecture subjective.
En 1947, Antonin Artaud conçoit « Pour en finir avec le jugement de dieu » comme une séance thérapie : la radio est l’électrode, la voix le courant électrique, le public le corps (social) qu’il faut passer aux électrochocs. Une œuvre censurée, jamais diffusée du vivant de l’auteur.
Le 21ème concours Phonurgia Nova se déroulait à la BnF les 17 et 18 septembre 2016. Invitée pour participer au jury, Syntone revient sur une édition pas comme les autres, entre délibérations tendues et émotions fortes.
Il y a quelques mois, France Culture faisait remonter des limbes une étrange archive de 1972, « Good morning Vietnam » de Claude Johner et Janine Antoine, enregistrée en pleine guerre. Une œuvre à l’impact fracassant.
Dans « Acoustique de l’érotisme », Franck Thoraval et Nathalie Battus nous entraînent dans le labyrinthe de la sexualité en suivant le fil du son. Un documentaire de création qui demande de passer outre certains clichés pour se laisser prendre par de purs plaisirs radiophoniques.
Son ombre tutélaire se pose avec constance sur le paysage de la création sonore. Caroline Grivellaro publie « À la recherche de Pierre Schaeffer. Portrait(s) », une excellente entrée dans l’univers multidimensionnel de l’ingénieur, théoricien et homme de radio.
Avec « Lichen », l’artiste sonore Pierre Redon connecte son, photographie, édition et technologies numériques. Un dispositif sophistiqué mais léger, qui explore les identités sexuelles, les normes, les notions de genre et les freins de la morale.
Une « dramatique » indé maîtrisée et portée par une jeune équipe, c’est assez rare pour être souligné. Mais « Ctrl X » se distingue aussi par ce qu’elle tente, et réussit souvent : s’inscrire dans son époque – ultra-connectée – et la commenter sans discours ni lourdeur démonstrative.
« Sommeil léger » ouvre un espace supplémentaire dans l’œuvre de Petitgand comme une chambre d’écho. L’enjeu de ce livre est de faire passer par l’écrit une certaine idée du son. Où est le son quand il n’est plus là ?
Les éditions Phonurgia Nova présentent La Tentation du son, un ouvrage choral (vingt-six noms au générique !) établi à partir de / autour de / et inspiré par le travail d’atelier mené par Kaye Mortley à Arles depuis 25 ans.
Il faut se rendre à l’évidence : l’art des sons ne s’écoute plus, il se lit.