Tourisme radiophonique

À la présentation de la grille 2011-2012 de France Culture, et même dès ses prémisses estivales, on entendit (et relaya) les inquiétudes de nombreux auditeurs quant à la diminution des heures de création. Mais depuis le bureau de la direction, un argument massif vint contrer les grincheux : Villes-Mondes, “une nouvelle collection de documentaires de création”, 250 villes visitées en 5 ans, deux heures chaque dimanche, un format qui n’existait plus. L’ambition était élevée. On imagine que le budget aussi, pour fabriquer un bel exemple de “radio durable”, de “radio pour l’Histoire” selon les désirs du directeur de la chaîne.

(cc) Antonia Hayes - flickr

(cc) Antonia Hayes – flickr

Dès le premier numéro, il a fallu tempérer notre excitation. Certes, les interviews menées en pleine rue font souffler un peu de fraîcheur dans une radio souvent confinée entre ses propres murs. Mais la créativité attendue se borne aux premières secondes – une introduction de type “mix” qui, ensuite, met rapidement le discours sur les rails. Surtout, en fin d’émission, un “grand entretien” d’une demi-heure détachable, donne franchement à redire sur les deux heures de documentaire promises. Offrant la parole (mais seulement la parole) à des créateurs, de New York à Vancouver en passant par Lisbonne ou Tunis, Villes-Mondes est donc une sorte de Guide du Routard intello, malheureusement assez uniforme d’un numéro à l’autre, notamment à cause d’une traduction mal pensée qui tend à masquer la diversité des langues.

Puis, en janvier 2012, c’est la surprise. Plus de grand entretien, le blog est en rade, les voyages se raccourcissent… direction : la Province. Nice, Rennes, Le Havre, Lyon, Toulouse, Reims, Marseille… Conséquence de la crise ? Formule qui se cherche ? On apprend par le générique que “la France rentre en campagne” [électorale]… Mais fallait-il qu’une émission de plus s’y attelle, quitte à resserrer sa ligne éditoriale pour coller un peu plus à l’actualité ? Tandis que les premières Villes-Mondes voyaient des producteurs tournants se succéder au gouvernail, dans un principe cher à la politique des auteurs d’Irène Omélianenko, ces douze numéros franco-français sont tous confiés à Martin Quenehen, le producteur déjà très occupé de Sur la route. Et c’est donc la fin du documentaire. De son hebdo du vendredi après-midi, Quenehen amène avec lui sa formule : des reportages sur le terrain au service d’un plateau en studio. Mais là où Sur la route justifie son parti pris décentralisateur en réalisant l’émission dans les stations locales de Radio France, les Villes-Mondes-France de Quenehen se contentent de commenter les sujets depuis Paris.

Il n’y a pas de quoi être révolté contre Villes-Mondes qui n’est pas une mauvaise émission en soi, seulement une émission “comme les autres”, devenue semblable à une autre (Sur la route). Tout cela ne serait pas très grave si on n’avait pas voulu nous faire passer Villes-Mondes pour ce que qu’elle n’est pas : “une nouvelle collection de documentaires de création”. Espérons que, d’ici fin mars lorsque se terminera la série franchouillarde, l’équipe de coordination aura trouvé un nouveau souffle à une émission qui pourrait nous faire réellement voyager, rêver et entendre l’inouï.



Villes-Mondes par franceculture


Sur la route par franceculture


Direction de France Culture – Olivier Poivre… par franceculture

1 Réaction

  • simone camprasse dit :

    La grincheuse que je fus, tirait un certain plaisir à l’écoute de « Villes-Monde », qui, malgré ses imperfections, la transportait à la découverte d’un ailleurs, hors de l’hexagone. Or, ne prêtant plus une oreille suffisamment attentive au générique de l’émission, ce Tour de France… »campagne électorale », la laissait plus que perplexe… La voici donc, grâce à vous, renseignée.
    Merci ! 

    Comme vous l’exprimez, l’émission n’est pas inintéressante, mais ne correspond évidemment pas à ce qu’on nous avait fait miroiter.  Rendez-vous dans quelques semaines…Qui sait ??

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