Plus belle la Promenade sonore

Suite à son projet de Promenades sonores dans le cadre de Marseille-Provence 2013 [lire sur Syntone Xavier Thomas : l’écoute en marche], Radio Grenouille a été contactée par Google pour réaliser une courte vidéo présentée au départ comme un « mini-documentaire. » Julie de Muer, à l’origine des Promenades sonores, y raconte son rapport à Marseille et évoque le projet en 90 secondes dans un format publicitaire aseptisé. La vidéo a été diffusée pendant trois semaines sur une dizaine de chaînes de télévision, augmentant considérablement la fréquentation du site, qui était en baisse après l’année 2013.

« Le but du jeu était de sortir de notre milieu, essayer de parler des promenades sonores à d’autres publics », explique Julie de Muer. « Ça a touché des gens qui ne sont pas forcément sur Internet. Dans les quartiers, j’ai eu beaucoup de retours d’habitant-e-s qui avaient vu la vidéo et qui leur avait donné envie d’essayer les promenades. Le vu-à-la-télé, ça ouvre des portes et permet d’engager des conversations, des appropriations, ça ouvre des espaces d’échanges. Cette vidéo véhicule aussi une autre image de Marseille. On ne parle pas uniquement de nombre de clics, mais de diffusion de la réflexion que Radio Grenouille mène sur la ville avec d’autres acteurs à Marseille. »

À ce spot publicitaire, s’ajoute une expérience web intitulée Promenade Nocturne, une navigation interactive dans le quartier du Cours Julien à partir de prises de vue à 360 degrés de Google Street View, accompagnées de sons et de courtes vidéos. Il s’agit d’une déclinaison web de la promenade sonore Le Souffleur de Christophe Perruchi, consacrée au graffiti. « Ce projet s’éloignait bien entendu des promenades sonores, il ne s’agit plus d’écouter in-situ mais de proposer aux internautes une expérience immersive. C’était l’occasion pour nous de travailler l’écriture web, un des chantiers que l’on veut développer à Grenouille » précise Julie de Muer. Pour cette extension, Radio Grenouille a engrangé 20 000 euros (dont 5000 pour l’auteur de la promenade) et surtout gagné une énorme visibilité : « La vidéo tout comme l’expérience web propose une entrée simplifiée et accessible. Tout l’enjeu maintenant est de re-complexifier le propos, le re-contextualiser pour amener les gens à s’intéresser à nos initiatives et s’interroger sur leur rapport à la ville » poursuit Julie de Muer.

Cette étrange collaboration entre Radio Grenouille et le géant de l’Internet a de quoi surprendre. Animée par un profond désir d’expérimentation, la radio marseillaise a accepté le polissage à la sauce Google pour correspondre aux formats et sensibiliser de nouveaux publics. Une « expérience positive » d’après Julie de Muer, même s’il est encore tôt pour tirer des conclusions à long terme.

1 Comment

  • Jacques dit :

    Un jour il a été question d’abandonner le latin comme langue de communication écrite et d’écrire des ouvrages en langue vernaculaire. Je ne vois aucun raison de ne pas s’ouvrir au monde y compris via un « polissage à la sauce Google » si nécessaire.Sauf à décréter qu’il vaut mieux rester « entre soi » – entendez par là le microcosme intello-radio – et de regarder le monde des auditeurs de haut je suis à 100% en accord avec ce partenariat que Radio-Grenouille a engagé avec Google ( inutile de préciser que je ne tire aucun revenu ni de Google ni de Radio-Grenouille) :-)
    Et pour une fois que le nivelage se fait par le haut on ne va pas non plus se plaindre!!! Donc bravo pour cette initiative.

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