Après Fukushima et Tchernobyl (25 ans aujourd’hui), les jeux de mots radiophoniques avec “radioactivité”, usés jusqu’à la corde, sont carrément devenus de mauvais goût. Au rythme crépitant du compteur Geiger, un hit de 1975 leur était même associé : Radioactivity, du groupe allemand Kraftwerk. Choix évident pour un générique ou une pause musicale, Radioactivity fut même employé, entre autres nombreux exemples, comme identité d’une émission musicale d’Europe 1.
Sur le blog Global Techno, Jean-Yves Leloup nous enseigne la petite histoire du tube de Kraftwerk. Envers l’énergie atomique, les musiciens allemands avaient, à défaut d’une opinion tranchée, cette empathie pour le progrès technologique qui les caractérise. Puis ils ont au fil du temps modifié les paroles de leur chanson : elle est aujourd’hui devenue une charge anti-nucléaire.
La radioactivité, ce fut aussi celle d’une radio pirate historique de 1977, Radio Verte Fessenheim, créée en opposition à la construction sur la commune de Fessenheim en Alsace de la plus ancienne centrale nucléaire française toujours en exploitation.
La radioactivité, c’est celle de Tchernobyl, qui d’après l’auteur et ingénieur du son Pascal Rueff, peut être perçue comme une immense station de radio mondiale qui émet sans discontinuer depuis le 26 avril 1986.
Comme les ondes radio, les rayonnements radioactifs partagent le principe de la propagation invisible, une force mystérieuse omniprésente. “Contaminé” (c’est le mot qu’il emploie dans son texte Muet, publié dans Une larme du diable n°2) par Tchernobyl après plusieurs séjours accueillis par la population, Pascal Rueff y consacre à présent une bonne partie de sa vie à travers un projet protéiforme nommé justement Radio Tchernobyl. Revues de presse, reportages, chroniques, créations nourrissent à la fois un podcast et un projet scénique ~ L’Île de T. ~ vu récemment à Longueur d’ondes d’où paraît-il on ne ressort pas indemne. C’est-à-dire qu’à l’opposé du “débat public” qui renvoient pro et anti dos à dos, rien ne peut y être tranché.
Ces tentatives artistiques ont avant tout pour objet d’approcher la réalité intangible, tellement lointaine, de Tchernobyl. Autre excroissance des résidences d’artistes menées par Rueff dans la zone interdite, l’ACR Atomic Radio 137 du compositeur Christophe Ruetsch sera rediffusé le 8 mai prochain dans l’émission de France Culture.
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