Au festival de cinéma de Douarnenez, on s’échappe aussi avec le son

Depuis quatre ans qu’elles ont fait leur apparition au festival de cinéma de Douarnenez en Bretagne, la programmation d’écoutes les Échappées Sonores prend à chaque édition de plus en plus d’ampleur au sein de l’événement.

Dès la cérémonie d’ouverture de la quarantième édition du festival de cinéma de Douarnenez, le 18 août dernier, le le ton est donné. En breton d’abord, puis en Langue des Signes Française, en arabe ensuite, puis en espagnol et dans d’autres langues, et pour finir, en français. L’état d’esprit de l’événement, c’est ça : donner à s’intéresser à l’Autre dans ses différences via de nombreux échanges et surtout des films. Cette année, le festival a enregistré un pic de fréquentation avec 70 films à l’affiche, documentaires et fictions, et plus de 20 000 entrées. Un coup de projecteur a été mis sur la notion de frontières, avec également un focus sur le cinéma breton, mais aussi, comme c’est désormais la coutume, une plongée dans le monde des sourd·e·s et dans celui rarement représenté des intersexes, de quoi rendre l’événement assez unique en son genre. Le petit plus qui nous a amené là, ce sont les Échappées Sonores, discrètes mais non moins passionnantes. Faisons quelques pas dans ce petit antre en retrait…

Photo : Éloïse Plantrou (CC by-nc-nd)

À une centaine de mètres de la fourmilière centrale, rue Voltaire, une pancarte indique presque mystérieusement « Échappées sonores ». On traverse alors une galerie de photos puis on atterrit dans la cour d’une maison bretonne typique. Là, si l’on tend l’oreille, on devine déjà des morceaux d’histoires… Le rendez-vous est accueillant, thé et café à prix libre, tables de bric et de broc entourées de chaises miniatures, presque comme à la terrasse d’un bistrot. Au fond de la cour, une porte est ouverte. Elle mène à un cocon qui invite à se poser et s’échapper de l’effervescence du festival. Ce cocon, c’est le salon de Stéphanie Pihéry, salariée de l’association organisatrice du festival, chargée de faire vivre les Échappées Sonores. Elle y a tendu des tissus noirs et bordeaux, la scénographie est réussie, l’ambiance feutrée, lumières tamisées, coussins et tapis. Du 19 au 26 août 2017, chaque après-midi, son chez-elle se transforme en salon d’écoute.

Stéphanie a sélectionné 35 heures de programmes, créations sonores, pièces expérimentales, documentaires, reportages, piochant aussi bien chez les « pros » que les « amateur·e·s », grandes chaînes, radios associatives et indépendantes [voir le programme en pdf]. L’unique contrainte étant de coller à la thématique de l’édition 2017, « Frontières ? », en la déclinant : les frontières géographiques, les barrières qui se dressent entre les genres ou entre les classes, les frontières du langage qui complexifient la communication, celles qui existent entre les choix que l’on fait et les convictions qui nous animent. Migrer, traverser, passer, rester, témoigner de l’intérieur, dépasser les frontières et les transgresser sont donc autant de portes d’entrée choisies pour aborder le sujet. La cerise sur le gâteau, qui a fait carton plein cette année, ce sont les rencontres quotidiennes avec réalisateurs/trices ou collectifs pour approfondir les séances d’écoute, parcours de migration, luttes féministes et humanistes, etc.

Bilan très positif donc pour la quatrième édition des Échappées Sonores du festival de cinéma de Douarnenez, et même si elles occupent une place encore un peu timide dans le programme plus qu’étoffée des films du festival et que le son en reste le parent pauvre – pas de budget pour ce volet –, elles trouvent malgré tout leur public auprès des cinéphiles. Pour preuve, une auditrice, encore étendue dans le salon d’écoute, confie que le son a ceci de vraiment intéressant qu’il « est moins frontal qu’un film car on peut s’en échapper, il laisse libre de serpenter dans son propre intérieur, de lâcher et de revenir à sa guise ».

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