Brève d’auditeur : Le sujet d’une nuit

Le 22 mars dernier, le site d’information branché sur le numérique et le “data journalism” Owni, proposait avec Radio Nova six heures de “copulation radiophonique et numérique”. Baptisée la #nuitsujet, cette première expérience d’hybridation ayant pour mot d’ordre “Dégage !“, fut l’occasion de revenir sur les mouvements révolutionnaires dans les pays arabes et l’influence des réseaux sociaux dans ces protestations.

Julien Goetz [Owni] et Mathilde Serrell [Nova] présentent la #nuitsujet (cc) Ophelia Noor - flickr

Julien Goetz [Owni] et Mathilde Serrell [Nova] présentent la #nuitsujet (cc) Ophelia Noor – flickr

J’attendais avec impatience cette nuit radiophonique, bien installé chez moi devant l’ordinateur, car Owni proposait pour l’occasion une web-application permettant d’écouter le live audio de ces heures d’émissions conçues de manière participative. Les auditeurs internautes étaient invités à aller plus loin sur la toile en partageant des liens et des images, en répondant à des sondages et en réagissant au fil de leur écoute sur les réseaux sociaux Facebook et Twitter. Animée par Julien Goetz (Owni) et Mathilde Serrel (Nova), la nuit-sujet m’a fait voyager de l’Egypte au Mexique. Les chroniqueurs défilent en studio (Guillaume Dasiqué, Ziad Maalouf, Vincent Glad…), décortiquent et analysent l’influence du web dans les mouvements révolutionnaires en cours, la programmation musicale est au rendez-vous, j’écoute attentivement cette réflexion collective menée avec brio sur le potentiel subversif du web.

Malgré peu de travail sur la forme radiophonique (programmation musicale ordinaire pour Nova, et par ailleurs toujours autant de pub), la nuit-sujet a une fois de plus démontré que la radio et le web sont un couple qui fonctionne. Lieu de partage d’expériences, internet a permis une écoute “augmentée” de ces six heures de direct pour les auditeurs armés de claviers. Sur Twitter, chaque commentaire estampillé du hashtag (mot-clé) #nuitsujet apparaissait dans la web-app créée pour cette nuit radiophonique, une sorte de poste de radio 2.0 mis à jour au fur et à mesure de l’émission. Utilisant les pauses musicales pour approfondir les sujets grâce aux articles partagés par les auditeurs, je ne pouvais décrocher de mon écran.

Le web nous offre de nouvelles manières d’envisager l’expérience radiophonique. Sur France Culture, l’émission Place de la Toile sur les cultures numériques et les nouvelles technologies expérimente déjà depuis quelque temps les potentialités du web. Xavier de la Porte propose de prolonger l’émission avec les auditeurs grâce à une “wikiradio”, véritable studio virtuel donnant la possibilité aux internautes d’intervenir dans l’émission pour poser des questions, proposer des sujets, ou prolonger la réflexion.

Écouter pendant six heures la radio en étant connecté sur Twitter ne m’était encore jamais arrivé, et il s’avère plutôt plaisant de partager son écoute sur les réseaux qui ouvrent des espaces d’échange et de réflexion.

Le podcast de la nuit sujet est disponible ici. Voilà de quoi réfléchir sur l’avenir du web et les formes hybrides qu’il peut apporter à l’expression radiophonique.

2 Réactions

  • Attention à l’addiction,  car durant 6 heures, sans rien voir venir, le web came !

  • jacques dit :

    Je suis un peu sur la réserve quant à l’intérêt véritable de cette « débauche » technologique. Je ne parle pas du sujet de la soirée qui est présenté ici mais plutôt de cet arsenal cybernétique utilisé et présenté comme « le couple qui fonctionne » et dont je ne mesure pas exactement la portée et l’intérêt. Est-ce que ces échanges cybernétiques présentent vraiment une avancée remarquable et pour quel gain? Il est vrai que je ne suis pas de la génération « geek » et que j’ai besoin de temps de réflexion pour beaucoup de mes activités « intellectuelles » (!). Lire au calme, écouter une émission (je dis bien écouter et non voir) métaboliser les idées me prend un temps fou et j’ai un peu de mal à imaginer ce « couple » comme celui qui fonctionne mieux qu’un autre. Je pense tout au contraire que le couple lecture-radio (l’un après l’autre) est beaucoup plus fonctionnel et nourricier sur la durée. Je précise que ce n’est pas une position de principe contre l’outil cybernétique et il est possible que l’âge (+ 60) y soit pour quelque chose mais je suis prêt à faire évoluer mon jugement lors d’une prochaine session.
    Cordialement

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