« C’est la créativité dans tous les formats de la radio » ~ rencontre avec Radio Moniek

Le collectif Radio Moniek a vu le jour lors du festival Monophonic en 2014 à Bruxelles. Né pour animer une radio éphémère, il fut un libérateur de créativité, un vecteur d’émulation. Depuis, en studio ou sur scène, des Moniek de toutes origines (plasticienne, autrice, radioteuse, conteuse, créatrice sonore, technicienne, performeuse) créent un espace d’expérimentation et de soutien mutuel – une pépinière généreuse où naissent des duos, trios, des erreurs à ne plus refaire et des pépites qui brillent sous d’autres cieux. Moniek c’est le nom d’un collectif éclectique et de toutes celles qui le composent. Rencontre avec Moniek, Moniek, Moniek et Moniek.

Radio Moniek aux Ateliers Claus en 2016 pour les 20 ans de l’ACSR. Photographies : Novella De Giorgi.

Bonjour Moniek, comment devient-on Moniek ?

  1. En répondant « oui » quand on te propose de monter une radio sans te prendre au sérieux, d’inventer collectivement un personnage fictif. En étant souple et généreuse.
  2. Je suis devenue Moniek par hasard, en partant avec elles pour un live au festival Longueur d’ondes à Brest, dans un moment de construction très ouvert.
  3. Être Moniek, c’est être plutôt une femme et évoluer plutôt dans un monde aquatique. On devient Moniek en participant à un concours de chanson sous la douche.
  4. Après Monophonic, on a voulu poursuivre l’aventure sous une forme mensuelle autour d’un thème, diffuser de la création en l’accompagnant plus qu’on ne le fait d’habitude et en prenant le temps (l’émission peut durer trois heures). Rapidement on s’est mise à créer, à entremêler programmation et création. Puis la forme live est née.

Qu’est-ce que « l’esprit Moniek », Moniek  ?

  1. Une grande liberté de faire ce qu’on veut, de sortir de nos habitudes et des contraintes de production de la création radio (l’écriture de dossier, l’obligation de réussite), grâce à d’autres espaces (café, festival, radio associative) où tout est possible, le pire comme le meilleur. Moniek c’est un droit à l’erreur et à la fragilité grâce à la solidarité du groupe.
  2. C’est l’envie de découvrir ensemble, de chercher autour de choses assez simple, c’est la quête et l’écoute, l’énergie donnée à la compréhension de l’autre.
  3. Foutraque, avec une idée d’improvisation un peu malgré nous… Pieds dans le plat, rigolo, innocent. Moniek nous stimule, nous pousse à créer sans se prendre la tête.
  4. Moniek c’est aussi le « do-it-yourself ». Les postes qui tournent (voix, réalisation, technique). Entendre « t’es capable, j’ai besoin de toi », même si ce qu’on est amenée à faire, on le fait pour la première fois.
  5. C’est le lien entre la mise en scène et la radio, l’adaptation aux lieux qui nous accueillent.
  6. Partir de photos, d’un graphisme, pour transformer cela en une mise en ondes, comme dans notre collaboration avec la revue Papier Machine.
  7. L’absurde et l’humour. Moniek, c’est la créativité dans tous les formats de la radio.

Radio Moniek aux Ateliers Claus en 2016 pour les 20 ans de l’ACSR. Photographies : Novella De Giorgi.

Le collectif ?

  1. Tant qu’on travaille chacune de notre côté pour alimenter un patchwork sonore, c’est facile. En création collective à dix ou quinze, c’est plus compliqué. On peut passer les trois quarts du temps à discuter du mode de fonctionnement et perdre en simplicité, en naïveté.
  2. On apprend à s’écouter, à se comprendre, à puiser chez chacune pour avancer. La bienveillance n’est pas forcément quelque chose de niais. C’est prendre soin de l’autre, de ses envies et de ses désirs, faire des compromis peut être… au nom de…
  3. Il y a toujours un duo de Moniek qui mène la barque (c’est plus rigolo). Parfois, des Moniek font grandir une création en dehors du collectif. On reste alors à leur écoute et on les soutient.

Tout le monde peut-il devenir Moniek ?

  1. Grande question en interne. Je dirais oui. Celles qui font l’émission deviennent Moniek et n’est Moniek que celles qui participent.
  2. Je suis partisane du « rien n’est fixe », mais il y a quelque chose qui est là, qu’il ne faut pas brusquer… On est encore en quête d’un confort sécurisant.
  3. Si on incluait toutes les personnes qui nous contactaient, on remplirait une salle. Et on ne pourrait plus jouer. La réponse serait peut être : « Crée un autre collectif, d’autres espaces de jeux, deviens Géraldine. En tous cas, arrête d’y penser et fais-le. »

À écouter :

Cet article est paru dans le n°9 de la revue de l’Écoute. Abonnez-vous pour recevoir nos articles en primeur !

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