À la radio, la voix est désincarnée, soustraite au corps. Mais de ce corps demeure une respiration où chaque souffle a la valeur d’un signe. Nous sommes d’autant plus attentifs à ces signes qu’ils émanent de cette absence. La voix radiophonique amplifie donc notre perception de ce double me
ssage, celui du langage et des sons de la voix.
Comment donner à entendre une parole en se jouant de sa propre voix ? Comment altérer sensiblement sa diction, moduler sa prosodie ou bien vocaliser l’ensemble d’un texte et ainsi s’émanciper des contraintes du sens, des lieux communs de la prosodie afin «d’inquiéter», de mettre en conflit le fond et la forme du discours ? Afin d’introduire de l’écart entre voix et sens et jouer en épaisseur, en verticalité.
Cet atelier propose une exploration des rapports entre voix, parole et chant dans un flux tendu entre sensible et représentation, au moyen d’exercices vocaux, d’improvisations dirigées, puis d’enregistrements.
Nous travaillerons d’abord loin des machines, en observant en premier lieu le potentiel de la voix acoustique, en s’appuyant sur un imaginaire digital mais ré-incarné. Comment introduire dans notre prosodie des paramètres tel que la suspension, la boucle, le trébuchement, l’accentuation de fréquence. Nous aborderons le verbal comme une partition de signes à musicaliser. Sans se départir complètement du sens de notre parole mais en l’envisageant de biais, dans une approche très formelle et concrète.
Nous fixerons ensuite cette parole – musique par l’enregistrement et nous observerons les troubles, les augmentations ou les pertes de sens que produisent ces transformations.
Avec Myriam Pruvot.