« Radioactif » : une journée d’étude sur la radiophonie au Québec

Le 28 novembre 2014 à l’Université Laval de la ville de Québec aura lieu « Radioactif – De la pratique à la fabrique de la radio » : une journée d’étude consacrée à la radiophonie québecoise. Présentée comme première du genre, elle se veut rassembleuse et invite chercheur·se·s et professionnel·le·s à réfléchir au passé, au présent et au futur de la radio francophone au Canada.

Parmi les interventions de cette longue et dense journée, le documentaire et la création radiophonique ne seront pas oubliées et tout finira en son par une soirée d’écoute collective. Trois questions à Marie-Laurence Rancourt, coordinatrice de cette journée.

(cc) Stewart Rand

Auditeur à Québec (cc) Stewart Rand

Qui est le groupe de citoyen⋅ne⋅s, évoqué dans le dossier de presse, qui porte cette journée d’étude ?

Je suis étudiante en maîtrise de sociologie et animatrice radio. Étant à l’origine du projet, j’ai ensuite rallié des personnes que je savais particulièrement sensibles à la radio. Le comité regroupe essentiellement des étudiants, mais aussi quelques professionnels, notamment une irréductible de la radio communautaire.

Quelles réactions suscite votre initiative chez les professionnel·le·s de la radio au Québec ?

Certains ont accueilli l’idée avec grand enthousiasme, plusieurs reconnaissant que la conjoncture est idéale pour tenir cet événement. Nous sommes déjà entrés en contact avec la radio publique, des radios étudiantes, des radios communautaires et autochtones et tout le monde allègue de la pertinence du projet en cette période « critique » pour la radiophonie québécoise : en effet, on sent bien que c’est un secteur que va toucher (touche déjà !) l’austérité qui sévit.

Cependant, pour moi, le signal vient d’ailleurs. Par-delà même des compressions budgétaires qui vont affecter le milieu, c’est l’absence d’une réflexion générale et collective sur les missions culturelles, la puissance politique et l’avenir social du médium radiophonique qui m’inquiète. D’où l’intérêt de pareille journée. Cela dit, tant les théoriciens que les praticiens de la radio d’ici sont à la fois curieux de voir ce dont il sera question et ce qu’il en ressortira, car jamais un tel événement n’a eu lieu. Et c’est cette rencontre entre ces personnalités qui ont toutes une relation différente avec la radio qui, selon moi, va nous conduire plus loin et nous permettre de tracer les voies d’avenir de la radiophonie au Québec.

Bref, jusqu’à présent, tout le monde déclare appuyer l’initiative qui, pour moi, est politique et je tiens à le préciser, car il ne s’agira pas uniquement de discuter radio puis de repartir chez soi. Ce serait trop simple…

Quel pourrait donc être l’ « après » de cette journée d’étude ?

L’événement doit servir à établir les grandes lignes d’actions à entreprendre pour que le développement du paysage radiophonique québécois se fasse en cohérence avec une vision et qu’il continue d’être discuté et réfléchi par les citoyens. Je pense que réfléchir à la radiophonie, c’est également réfléchir à « nous » comme collectif et au commun qui nous unit.

La radio (et ses artisans) peut choisir de prendre ses distances face au réel pour mieux le problématiser. Elle peut être un espace qui permet au collectif de se voir, de se concevoir, de s’imaginer et de se projeter. Elle est un objet à vocation de culture faisant partie intégrante de la société (qu’elle structure et par laquelle elle est structurée). En réfléchissant à la radio, c’est cette relation qu’elle entretient avec la société que nous serons amenés à questionner.

Partant de cela, nous verrons quelles sont les initiatives à mettre en place si nous souhaitons faire de la radio un véhicule d’émancipation collective qui puisse nourrir la socialité (et ne l’égrappe pas), tout en prenant soin des subjectivités humaines si indispensables aux passions collectives.

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