Le labo à l’essai

Tous les dimanches de 20h à 22h depuis la rentrée de septembre 2012, Le labo est le nouvel atelier de création radiophonique d’Espace 2, la chaîne culturelle de la Radio Télévision Suisse. Le genre documentaire, au sens large, y a sa place de choix – qu’il parcoure le terrain de la culture (Jim Harrison, Richard Wagner, Karl Kraus) ou celui de la vie sociale. Ainsi, Jonas Pool, un collaborateur régulier du Labo, peut nous entraîner dans la Gueule du Diable, 15 ans après la guerre civile au Congo-Brazzaville qui vit une partie de la population urbaine forcée de survivre dans la forêt tropicale, ou faire l’état des lieux, avec Isabelle Carceles, de l’exploitation animale dans la Suisse rurale dans Petits arrangements avec la mort des animaux. Le labo, présenté chaque semaine par David Collin qui signe certains des documentaires, se construit surtout grâce à des collaborations occasionnelles par des auteur·e·s d’horizons et d’écritures différentes, comme récemment Sandrine Jorand, David Christoffel ou Léa Promaja.

Le labo exploite ses deux heures hebdomadaires en parcourant une même thématique sur différents plans ou bien articule une heure de programme frais avec une heure de programme rediffusé, en se faisant régulièrement le relais de la production francophone hors-frontières (Sur les docks de France Culture, Par ouï-dire de la RTBF).

Le labo sait aussi sortir des sentiers battus et prendre encore plus ses aises sur les ondes. C’est ainsi qu’il fait de temps en temps programme commun avec Musique d’avenir, l’émission de musique contemporaine présentée par Anne Gillot sur le créneau suivant de 22h à minuit. Ensemble, elles proposent des retransmissions au long court à l’occasion de l’Anniversaire de l’art ou bien une régulière Nuit de l’écoute, dernièrement élaborée autour du concept de « schizophonie » en collaboration avec le LUFF, le festival de film et de musique underground de Lausanne.

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« Dans le Transmongolien, Anne Gillot et Didier Rossat à l’heure du 8983ème thé. » Photo : David Collin

En décembre et janvier dernier, David Collin et Anne Gillot ont proposé une expérience encore plus singulière : un documentaire-fleuve de deux fois quatre heures sur les traces de la Prose du Transsibérien du poète Blaise Cendrars. L’animateur du Labo et l’animatrice de Musique d’avenir ont embarqué pour un voyage de plus de 10000 km entre la Russie et la Chine sur la fameuse ligne ferroviaire du Transsibérien. En leur compagnie, la traductrice Anya Léveillé s’est faite l’intermédiaire de conversations avec des artistes, musiciens, écrivains rencontrés sur les étapes du trajet, l’auteur Christian Garcin a tenu son journal de bord pensé comme fil rouge du documentaire, sans oublier le réalisateur Didier Rossat, qui enregistrait et montait les rushes au fur et à mesure du voyage, afin que la première émission soit prête à être diffusée une semaine plus tard. Enfin, le compositeur Jacques Demierre créait à distance une œuvre musicale originale à partir de ces mêmes sons, donnée à entendre dans le second volet. Présentée avec un complément multimédia conséquent, Rêver le Transsibérien fut une aventure radiophonique autant qu’une aventure humaine.

Seul bémol à la clé, mais qui concerne toute l’antenne d’Espace 2 : la compression numérique du son à l’œuvre dans la chaîne de production. L’usage de son non compressé donnerait aux documentaires du Labo toute l’ampleur et la finesse qu’ils méritent.

Mise à jour du 15 mai 2014 : suite à des demandes de précision concernant le dernier paragraphe, nous avons rendu plus explicite notre questionnement sur la qualité du signal sonore d’Espace 2.

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